Mon premier album, préfacé par Bernard Dimey, est distribué par Claude Carrère. Raymond Gimenez en a assuré les arrangements avec pas moins de trente-cinq musiciens dont André Ceccarelli, Tony Bonfils, Claude Engel, José Souc, Roland Romanelli, vingt violons et huit cuivres. Dix ans après mon arrivée à Paris, l’album voit le jour à Noël. Quel beau cadeau ! En janvier, je participe au Midem à Cannes où Radio Suisse Romande m’accorde une interview, ainsi que Radio France Côte d’Azur à Nice. À Paris, Julien Delli Fiori me programme presque journellement sur les ondes de Fip. Pendant un an, je parcours la France accumulant les émissions de radio et télé. Je me retrouve seul sur le plateau de Télé Luxembourg pour l’émission de midi La bonne franquette de Valérie Sarn. Victimes d’une grève des trains et des avions, les autres artistes sont absents du plateau – d’où quatre passages pour moi en une heure et demie ! 

Je travaille désormais avec Jacky Arconte, membre du groupe Les Cafés crème, célèbre pour avoir adapté les succès des Beatles en disco. Jacky a été surpris de mon insistance à notre coopération. Nous sommes musicalement aux antipodes l’un de l’autre, mais nous avons des goûts communs : Frank Zappa, Janis Joplin, Jimi Hendrix ou la musique soul ; et pour lui comme pour moi, l’héritage familial de la chanson française. « Black and White » s’élancent alors dans la belle aventure d’une très longue amitié. Nous enregistrons à Drancy dans un studio de fortune sur un huit pistes où batterie, violons, piano, guitare, cuivres et boîtes à outils font bon ménage...

Denis Desrouvres me propose de collaborer à un prochain disque que nous préparons avec Jacky Arconte et Fred Grenier. Nous entrons en studio au printemps 1982 et le disque sort l’année suivante. Si on parlait un peu de nous est le titre que nous choisissons pour la promotion dans les clubs. Le résultat est plutôt satisfaisant et les engagements affluent à travers la France. J’arrive à en compter une bonne cinquantaine à l’année, durant six ans sans relâchement. 

En 1985 sort mon quatrième album réalisé avec Jacky Arconte qui a fait appel à l’un des plus grands bandonéoniste au monde : Juan José Mossalini. Ce fut un enchantement à la prise de son de Fred Grenier et, le mixage terminé, nous avons baptisé au rhum guadeloupéen le nouveau-né qui est devenu grand vinyle. Dans ce nouveau disque, deux chansons vont être programmées par Jacques Mailhot dans Paris Kiosque, son émission sur France 3. Sur le plateau où j’interprète Afrique en direct, en compagnie de Francis Perrin et du dessinateur Piem, je voisine avec le pianiste de renommée internationale Alexis Weissenberg auquel j’annonce le décès de Dominique Jeanès, pianiste de mes débuts et qui avait partagé les siens autrefois...